Savoir si votre installation solaire vous fait vraiment économiser de l’argent par rapport à l’électricité en provenance du réseau s’avère essentiel. Au-delà de la satisfaction de produire sa propre électricité, l’autoconsommation doit aussi se mesurer en termes concrets d’économies financières réalisées. Nous vous proposons de découvrir les facteurs clés à considérer afin d’évaluer précisément la rentabilité de votre installation.
Autoconsommation, comment est calculée l’économie réelle ?

L'essentiel en 3 points :
Vous avez installé des panneaux solaires sur votre logement et souhaitez mieux comprendre comment en tirer parti ? À la suite de notre webinaire sur les prix de reprise et l’autoconsommation, de nombreuses questions ont émergé - concrètes, précises, parfois techniques. Pour y répondre, nous lançons une série d’articles jusqu’à la fin de l’année, dédiée à l’analyse détaillée de votre installation solaire. Production, consommation, injection, stockage, calcul des économies : nous aborderons chaque mois des nouveaux points-clés pour vous aider à optimiser votre autoconsommation.
L’autoconsommation constitue aujourd’hui le levier principal pour rentabiliser une installation solaire domestique. En effet, hors investissement de base et coûts d’entretien, le courant produit par vos panneaux est toujours gratuit. Tandis que le prix de reprise de votre surplus reste comparativement faible. Dès lors, la question essentielle qui se pose pour vous consiste à connaître l’économie réalisée réellement en consommant votre propre énergie au moment où votre installation solaire produit de l’électricité. Dans ce sens, précisons encore que l'autoconsommation est gérable par vos soins, tandis que le surplus injecté dans le réseau dépend d’acteurs tiers et de mécanismes externes.
Prenons l’exemple de Benoît (exemple 1), présenté lors d’un webinaire de Romande Energie. Ce propriétaire a installé 16 panneaux photovoltaïques (6 kWc) et consomme environ 4’500 kWh par an. S’il consomme 30 % de sa production (soit 1’350 kWh en autoconsommation), il économise 33 centimes par kWh, ce qui représente une économie de CHF 445.50.-. En adaptant ses habitudes de consommation grâce à des changements accessibles à tous (utilisation différée du lave-linge, du lave-vaisselle, de la cuisinière, installation d’un système domotique, etc.), il peut augmenter son taux d’autoconsommation de 10 %, atteignant ainsi 40 % au total, soit 1’800 kWh autoconsommés. Cela lui permettrait d’économiser jusqu’à CHF 594.- par an. Cet exemple illustre qu’il est possible de réaliser des économies significatives sans recourir à de lourds investissements.
À cela peut s’ajouter l’installation d’une batterie de stockage de 6 kWh, qui permettrait d’augmenter l’autoconsommation d’environ 10 % supplémentaires. Toutefois, un tel investissement doit faire l’objet d’une analyse personnalisée, basée sur le profil de consommation du ménage, afin d’en évaluer la pertinence économique.
Cette analyse financière repose sur un calcul simple, mais rigoureux, qui consiste à comparer le coût évité – soit le prix du kilowattheure acheté habituellement – aux gains générés par la production solaire instantanée ou son utilisation différée (grâce à une batterie ou de la domotique par exemple). Il faut également y intégrer la revente de courant excédentaire ainsi que les coûts liés au stockage dans le cas où une batterie est présente. L’objectif de ces calculs étant de vous aider à chiffrer précisément l’équilibre financier de votre installation solaire et à optimiser sa rentabilité. Pour cela, pensez aussi à prendre en compte les subventions et les déductions d’impôts.
Piqûre de rappel
Face aux discussions actuelles concernant les prix de reprise, il est important de rappeler un élément fondamental de l’énergie solaire. L’installation de panneaux ne doit pas être entreprise dans le but de générer des revenus complémentaires par la revente de courant excédentaire, mais bien pour bénéficier d’un atout durable en autoconsommant au maximum. Si par le passé des projets ont été surdimensionnés avec cet argument économique, il est désormais essentiel de rester focalisé sur une approche visant avant tout à produire et utiliser sa propre énergie. Plusieurs dispositifs, notamment grâce à la domotique, permettent en outre de déclencher le fonctionnement de vos appareils électroménagers ou autres durant les périodes de production solaire. Un atout clé, notamment quand personne n’est chez vous en journée pour consommer l’électricité produite.

L’autoconsommation au cœur de la transition
L’autoconsommation est l’option idéale pour profiter au maximum de votre production solaire en utilisant directement l’électricité que vous produisez, réduisant ainsi votre dépendance aux fluctuations du marché de l’énergie. Découvrez nos conseils pratiques sur l’autoconsommation et maximiser votre installation solaire !
« Dans ce sens, il est d’ailleurs utile de rappeler que les gestionnaires de réseau de distribution (GRD) ainsi que les professionnels de la filière photovoltaïque tiennent ce discours depuis plus de 20 ans », souligne Tiago Esteves, Product Manager chez Romande Energie. « Certains propriétaires se sentent aujourd’hui biaisés puisque les prix de reprise ont fortement chuté. Mais en réalité, la période haussière durant laquelle le kilowattheure se revendait à environ 18 ct. n’a duré que deux ans, en 2023 et 2024, lors de la crise énergétique durant laquelle les tarifs avaient augmenté, poussant logiquement le prix de reprise à la hausse. »
Dans le cas de Benoît, une simple modification de ses habitudes – décaler l'utilisation de certains appareils à midi par exemple – lui permettrait de faire passer son taux d'autoconsommation de 22 % à 32 %. Résultat : ses économies annuelles passeraient de CHF 557.- à CHF 613.-. Un changement accessible à tous, sans investissement supplémentaire.
Définir son profil de consommation
Avant d’entrer dans le détail des critères sur lesquels baser votre calcul d’économies réalisables grâce à vos panneaux solaires, il s’agit d’identifier précisément votre profil de consommation. Pour ce faire, deux options sont à envisager. Pour les propriétaires qui bénéficient d’une ancienne installation, il suffit de reprendre les factures d’électricité pour effectuer une comparaison avant / après installation.
Autrement, la plupart des installations récentes ou actuelles vous permettent déjà de disposer de données dynamiques grâce à un système intelligent, soit une liaison entre l'onduleur et le compteur. De nombreux compléments d'installations ou prestations sont par ailleurs disponibles sur le marché pour observer sa consommation, permettant ainsi de définir votre profil.
La part autoconsommée
Ce premier chiffre à prendre en compte dans vos calculs correspond aux kilowattheures que vous n’avez pas besoin d’acheter au réseau. Pour évaluer précisément l’amortissement de votre installation solaire, il convient d’y intégrer le coût des panneaux et de leur pose, les éventuelles subventions perçues ainsi que la déduction fiscale dont vous avez bénéficié. Dans tous les cas, chaque kilowattheure autoconsommé représente un coût évité, notamment en échappant aux taxes liées au réseau.
« Sans parler du fait qu’en consommant sa propre énergie photovoltaïque, un propriétaire a l’avantage de ne pas être touché par les fluctuations du marché qui impactent directement le prix de l’électricité », ajoute Tiago Esteves.
L’excédent
Comme indiqué, la revente de courant excédentaire dans le réseau représente désormais une part minime, mais à intégrer tout de même dans vos calculs, puisque les prix de reprise du kilowattheure oscillent aux alentours de 8 à 10 ct. en 2025.
« Bien que ce prix de reprise ait significativement baissé depuis les pics de 2023 et 2024, il reste intéressant de rappeler que le cadre légal récemment adopté par la Confédération garantit aux producteurs de moins de 30 kWc de puissance que les GRD ne peuvent pas reprendre le courant excédentaire à des prix négatifs, avec un tarif minimal fixé à 6 ct. », rappelle Tiago Esteves. Un garant important puisqu’en 2024 la durée correspondant aux prix négatifs sur le marché, en raison d’une surproduction solaire, a été multipliée par quatre par rapport à 2023. Un cas de figure qui oblige par ailleurs les GRD à devoir payer pour revendre cet excédent.
Le stockage
Poussées par certains installateurs solaires, les batteries intéressent de plus en plus les propriétaires. Un dispositif qui peut s’avérer pertinent, mais uniquement en fonction de son profil de consommation. « Se munir d’une batterie de stockage peut avoir du sens pour certains consommateurs, mais à ce jour le coût du produit et les frais d’installation ne valent pas toujours la peine, d'où l'importance de définir son profil de consommation et de bien faire ses calculs en amont », constate Tiago Esteves.
Pour évaluer la pertinence d’installer une batterie, il faut prendre en compte sa puissance et le nombre de cycles par an, soit le nombre de fois que nous la remplissons et l’utilisons complètement. En moyenne, ce nombre se situe aux alentours de 200, et on effectue rarement des cycles complets, ce qui nuit aux bonnes performances et à la longévité de la batterie. Pour amortir son installation, il peut, selon son profil de consommation, être nécessaire de parvenir à réaliser jusqu’à plus de 3’000 cycles. Ce qui correspond à 15 ans d’utilisation, si la batterie tient jusque-là.
Pourtant, certains cas le justifient pleinement. Toujours selon les données du webinaire, Benoît pourrait passer de 22 % à 43 % d'autoconsommation en installant une batterie de 6 kWh. Quant au ménage de Rosa (exemple 2), autre cas typique présenté lors du webinaire, doté d'une pompe à chaleur et d'une voiture électrique, il atteindrait jusqu'à 71 % d'autoconsommation avec le même type de batterie. Des chiffres parlants, qui illustrent l’intérêt d’une analyse personnalisée avant de se lancer.
En conclusion, l’autoconsommation solaire ne se résume pas à un simple geste écologique ou symbolique, il s’agit d’un levier économique concret, à condition de bien connaître les mécanismes qui régissent son rendement. En évaluant avec précision son profil de consommation, en maximisant la part d’énergie utilisée sur place et en adoptant les bonnes pratiques, il est tout à fait possible de réaliser des économies substantielles. Selon les cas, ces dernières peuvent aller jusqu’à environ CHF 3'000.- par an.
Pour aller plus loin, ne manquez pas le prochain sujet de notre série : « Autoconsommation, quel est votre potentiel selon votre profil ? »
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