Après avoir opté pour le rail pour les longues ou moins longues distances, pratiqué la marche ou le vélo musculaire là où c’est possible, le vélo électrique pour les parcours plus long, plus pentus ou plus lourds (enfants, matériel, etc.), les transports en communs en temps de pluie ou de beau temps, et enfin l’autopartage quand c’est nécessaire, les véhicules intermédiaires sont une alternative intéressante pour se substituer à la voiture individuelle classique.
Les véhicules intermédiaires : une alternative intéressante si elles se substituent à la voiture

L'essentiel en 3 points :
Mais alors … les véhicules intermédiaires, de quoi s’agit-il ?
- Il s’agit d’une catégorie de véhicule qui se situe entre les vélos et les voitures. On pourrait les appeler vélos augmentés ou voiturettes.
- Ils pèsent moins de 600 kg et bénéficient d’une assistance électrique.
- Selon les modèles, ils peuvent rouler de 25 km/h à 90 km/h.
- C’est parce qu’ils roulent moins vite et que le risque d’accident et la gravité sont réduits que ces véhicules sont moins lourds, car cela permet de diminuer les équipements prévus pour la sécurité qui alourdissent le véhicule.
- Ils peuvent transporter entre 2 et 4 personnes.
- Ils sont recyclables et fabriqués localement.
- Ils protègent de la pluie, du vent ou de la neige : la pluie étant le premier frein à la pratique du vélo au quotidien.
- Ils sont moins rapides et offrent un confort plus restreint que les voitures, mais cela n’est pas problématique pour les trajets quotidiens (70% des déplacements quotidiens font moins de 10km).
- Ils sont donc beaucoup moins chers à l’usage et sont très intéressants pour toute personne ayant des déplacements courts et réguliers (livraisons, aide à domicile, etc.).
Interview d’Arnaud Zufferey, ingénieur EPFL et fondateur du bureau Olika
Arnaud Zufferey, votre bureau conseille les entreprises et collectivités publiques sur les questions d’énergie et d’environnement.
Depuis quand et pourquoi vous intéressez-vous aux véhicules intermédiaires ?
Mon approche de la transition énergétique se fonde sur la démarche négawatt, à savoir la sobriété (dans nos comportements), l’efficacité (de ne nos infrastructures et véhicules) et le renouvelable (comme source d’énergie).
Concernant les questions de mobilité, l’électrification (efficacité) et le solaire PV (renouvelable) ont du sens, pour autant que l’on ait une certaine sobriété dans le choix de nos véhicules. Le but n’est donc pas de remplacer les SUV fossiles par des SUV électriques. Passionné de vélo, je rechigne à utiliser la voiture. J’ai vécu pendant des années avec un vélo et un abonnement Mobility. Je me suis toujours dit qu’il manquait une catégorie entre les deux. Et c’est devenu flagrant en devenant parent.
Quelle est votre définition des véhicules intermédiaires ?
Il s’agit d’un tricycle ou quadricycle léger ou lourd, entre le vélo et la voiture d’où l’appellation véhicule intermédiaire. L’objectif est de combiner les avantages de la voiture (sécurité, protection contre la pluie) et du vélo (poids réduit, consommation faible, encombrement réduit). Le risque est de combiner les inconvénients des deux (trop encombrant et rayon d’action limité).
Pour quels types de personnes et d’activités les véhicules intermédiaires sont-ils adaptés ? Et quel est leur potentiel de développement selon vous ?
Les véhicules intermédiaires sont adaptés à un très grand nombre de personnes et d’usages. En Suisse, 50% des trajets en voiture font moins de 5 km et 70% font moins de 10 km. En moyenne, il y a 1.7 personne par voiture (moitié des trajets à deux, moitié seul). Le potentiel de développement de ces véhicules est donc énorme. Il peut y avoir une application urbaine (amener les enfants à l’école, faire ses courses) et une application à la campagne (compenser l’absence de transport public).
Aujourd’hui, certains de ces véhicules se démarquent par leur originalité. Pensez-vous que « sortir du lot » ça puisse dissuader certaines personnes ?
Il y a une grande diversité dans les voitures et les vélos. Les gens aiment se différencier (par le prix, la taille, la couleur). Il faut aussi une diversité dans les véhicules intermédiaires. Et il y a plein de modèles : Karbikes, Sorean QBX, Kilow la Bagnole, Microlino, etc. Voir les différents modèles sur olika.ch.
©Olika.ch
En France, il semble qu’il y ait un engouement plus marqué qu’en Suisse pour les véhicules intermédiaires. Comment l’expliquez-vous ?
Effectivement, il y a une grande activité de développement des véhicules intermédiaires qui s’explique par l’eXtrême Défi lancé par l’agence de la transition écologique, l’ADEME. Ce défi consiste à créer simultanément de nouveaux véhicules (efficients, réparables, reconditionnables, légers, économes), de nouvelles industries (locales, complexes, in-délocalisable, capables de monter, produire, démonter, réparer, faire évoluer les véhicules au plus près des besoins et des territoires) et donc une large communauté aux compétences multiples et complémentaires. L'objectif commun est de remplacer l'usage de la voiture dans les déplacements du quotidien, qui en France sont en moyenne sont de 12km et durent une demi-heure. Ce défi vise à concevoir des véhicules fabriqués en France pouvant transporter entre une à trois personnes qui soient 10 fois moins coûteux que la voiture, 10 fois plus durables et recyclables à l’infini, 10 fois plus légers qu’une voiture.
Et en Suisse alors ?
En Suisse, il y a eu des pionniers qui ont utilisé des Twike ou des Renault Twizy. Il y a aussi le Kyburz de la poste qui est un bon exemple de véhicule sobre et efficace. Il y a aussi eu le développement de la Microlino qui est très populaire.
Pour l’instant, acheter un véhicule intermédiaire est un peu compliqué en dehors des Microlino et des Twizy. Il faut tout d’abord identifier ses besoins, ses usages, voir si on peut fonctionner en combinant les transports publics, Mobility et le vélo. Personnellement, j’utilise aujourd’hui un vélo cargo électrique qui pèse environ 30 kg et peut transporter 180 kg (un adulte et deux enfants, ou du matériel). En deux ans, nous avons parcouru 2'400 km de micro-trajets que nous faisions auparavant en voiture. Mais l’hiver, quand il pleut ou qu’il neige, je repense au véhicule intermédiaire. Je suis de près le développement des nouveaux véhicules comme le Sorean et le Karbike. Le coût reste peut-être encore un facteur limitant, si on compare avec une petite voiture comme une Dacia Spring ou une Citroën e-C3. La production en série des véhicules intermédiaires devrait baisser les prix à moyen terme.
25 véhicules intermédiaires mis à disposition des employés de la Fondation Soins Lausanne et des CMS de l’Ouest Lausannois
Les véhicules intermédiaires sont des véhicules qui offrent plusieurs avantages (économiques, stationnement, etc.) pour certaines professions qui nécessitent de nombreux déplacements de proximité, comme les métiers de soins à domiciles. La Fondation Soins Lausanne et les centres médico-sociaux de l’Ouest Lausannois (APREMADOL) ont 25 véhicules intermédiaires. Ce qui a donné l’impulsion de cet achat ? La participation de la Fondation Soins Lausanne à l’émission « Une seule planète » lui a permis de tester ces véhicules. Ensuite, la Fondation Soins Lausanne en a acheté 20 et l’APREMADOL 5. Ce dernier relève que les véhicules intermédiaires sont un succès chez les personnes qui n’ont pas de permis ou qui n’ont aucun autre moyen de transport. Mais à ce jour, les collaborateurs et collaboratrices utilisant des voitures conventionnelles ne les ont pas troquées pour des véhicules intermédiaires. Les véhicules intermédiaires sont donc pour l’APREMADOL un des dispositifs supplémentaires en plus d’autres solutions comme les véhicules personnels, les vélos électriques ou voitures hybrides mises à dispositions ou encore les transports publics.
©cms-vaud.ch
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